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Des fidèles et des policiers marchaient parmi les débris devant la façade détruite de l'église catholique Saint-Jean à Jaranwala (district de Faisalabad), dans la province de Pendjab dans l’est du Pakistan, le 17 août 2023 ; la veille, une foule de musulmans pakistanais avait incendié cette église lors de violences antichrétiennes.  © 2023 Aamri Qureshi/AFP via Getty Images

Il serait faux de dire que les lois pakistanaises sur le blasphème sont utilisées à mauvais escient. Cela impliquerait qu'elles puissent d’une quelconque façon être utilisées à bon escient.

Cependant, il est tout à fait vrai que ces lois sont détournées. Certaines personnes s'en servent pour attaquer et profiter d'autres personnes, avec des conséquences terribles.

Cela peut se produire, par exemple, dans le cadre d'une simple appropriation de terres, comme le montre clairement un nouveau rapport de HRW.

Quelqu'un souhaite s’emparer d’un terrain où vivent actuellement d'autres personnes. Il répand alors la rumeur selon laquelle quelqu'un dans le quartier aurait tenu des propos blasphématoires Cette information se répand instantanément et de façon incontrôlable sur les réseaux sociaux. Et boum : l’indignation publique extrême se traduit par une explosion de violence et de menaces à l'encontre des individus et de la communauté environnante.

Les gens fuient et le terrain est soudainement disponible.

Les lois sur le blasphème exacerbent les tensions en officialisant l'idée qu'un véritable crime a été commis et en donnant à la foule le sentiment d'avoir agi légitimement. Cela est d’autant plus vrai que les autorités arrêtent et poursuivent rarement les auteurs de violences contre les personnes accusées de blasphème.

L'absence d'un cadastre fiable au Pakistan facilite aussi l’appropriation illégale des terres. Ce qui est pris par la force ou par des manœuvres frauduleuses peut tout simplement être conservé.

Et il ne s'agit pas seulement d'accaparement de terres. Les accusations de blasphème sont également utilisées à des fins d'extorsion et de chantage. Ceux qui tirent profit du blasphème ciblent particulièrement les minorités religieuses et d’autres communautés économiquement marginalisées.

Par exemple, les accusations de blasphème contre les chrétiens et les ahmadis incitent depuis longtemps à la violence collective et ont contraint des communautés entières à fuir leurs foyers. Les dénonciateurs, qui ont souvent des liens avec des groupes politiques, utilisent aussi régulièrement les accusations de blasphème comme une arme pour nuire aux entreprises concurrentes détenues et dirigées par des minorités religieuses.

Quel que soit le prétexte avancé pour justifier les lois sur le blasphème au Pakistan, ce n'est certainement pas de rendre les riches plus riches et les pauvres plus pauvres par le biais de violences collectives.

Pourtant, tant que ces lois existeront, les gens continueront à les utiliser de manière odieuse pour leur affaires.

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